Les objectifs sont clairs, tant au niveau de l’inspection que des directions d’établissement.
Il faut privilégier la filière scientifique, et augmenter le taux de lauréats du bac Scientifique en France.
L’idée derrière tout cela, si j’ai bien compris, c’est que la France manque de scientifiques (au sens large).
Le problème, c’est qu’en ouvrant toutes grandes les portes de la 1ère S, et en augmentant les taux de réussite au bac, on est obligé de baisser nettement le niveau et d’enseignement, et d’exigence par rapport à cet enseignement.
En dépit de cela, de plus en plus d’élèves se retrouvent à prendre des cours particuliers, pour essayer de suivre un programme qui, malgré tout, reste encore d’un niveau trop élevé pour eux.
Il me parait évident qu’une telle politique va surtout conduire ou bien à vider les facultés et classes préparatoires scientifiques, devenues d’un niveau inaccessible, ou bien à faire baisser le niveau de celles-ci.
Dans tous les cas, rien qui prépare la relève scientifique (alors que la France est encore un pôle d’excellence en mathématiques, par exemple).
Or, on constate en pratique que la filière S n’est devenue rien de plus qu’une filière généraliste pour bons élèves, et qu’elle a perdu une partie de ses attributs scientifiques, tant en terme de contenu que de public.
En bref, tous les élèves de 2nde qui en ont les moyens passent en première S, indépendamment de leur profil et de leur volonté d’orientation.
Or, si une culture scientifique devient de plus en plus nécessaire (lecture et étude de courbes, quelques bagages sur les fonctions et les suites, statistiques, …), la plupart de ses élèves n’ont pas besoin d’une vraie formation scientifique (apprentissage de la démonstration, géométrie vectorielle, polynômes, …)
Alors que les élèves qui se destinent à une carrière scientifique se retrouvent à faire le grand écart après le bac, par manque de connaissances en la matière.
Une solution pourrait-être de scinder la filière scientifique en 2 : une première filière à vocation généraliste à connotation scientifique, un peu comme la ES, mais avec de la physique et de la biologie jusqu’au bac, et pourquoi pas aussi un peu d’économie et de droit, notions omniprésentes aujourd’hui.
Et une deuxième filière vraiment scientifique, avec un niveau exigeant en la matière, mais recentré sur ce noyau scientifique (et sur l’anglais, sur lequel on ne peut plus faire l’impasse, la plupart des publications scientifiques, y compris françaises, se faisant dans cette langue !)